Vishwakarma
Lorsque Brahmâ eut achevé de créer le monde, il installa le premier roi de l’humanité, Prithu, et lui assigna la tâche d’accueillir ses créations, d’organiser la société et de construire des villes parfaites. Les années passèrent, mais la déesse de la Terre, Prithvi, devenait chaque jour plus mécontente du comportement de Prithu. Pour disposer de richesses terrestres et les mettre à la disposition des humains, celui-ci déchirait les entrailles terrestres de Prithvi et en exhumait les joyaux avec brutalité.
Brahmâ réalisa que la tâche délicate qu’il avait confiée au roi dépassait ses compétences de gouverne. La matière que Brahmâ avait créée devait conserver son lien privilégié avec le divin Créateur. Une magnifique orchestration de la vie à l’état microcosmique devait refléter tel un impeccable miroir les lois macrocosmiques. Pour cela seul, Brahmâ devait donner vie à celui qui construirait cet ordre parfait. Il donna donc naissance au dieu Vishwakarma, divin karma et lui conféra la mission de « Divin Architecte »…
Son équipe d'experts en Vastu
Vishwakarma est le maître de milliers d’arts terrestres et le charpentier des dieux pour qui il construisit les chariots et autres moyens de transport célestes. Comme les autres dieux, le divin architecte sommeille, symboliquement, à l’intérieur des hommes. La connaissance du Vastu préexiste ainsi en chacun de nous et certains l’appliquent intuitivement avec succès.
Afin qu’ils puissent le soutenir dans sa tâche, Vishwakarma appela ses 4 fils entre lesquels il répartit les 4 (encore « 4 ») grandes tâches de la construction Vastu : l’examen d’un lieu, l’élaboration de ses plans, la construction proprement dite et l’ornementation (sculptures et peintures). En premier, vint son fils aîné auquel il délégua le noble rôle de maître-constructeur. « Sthapati » est le nom de l’expert en Vastu. Le second, le Shutraghin, éminemment versé en Vastu dans la lignée directe de son maître, est le dessinateur et l’expert en mesures sacrées (les proportions pour chaque type de construction). Son adjoint direct est le sculpteur et charpentier : le Takshaka. À la suite de celui-ci, mais non moins précieux, vient le peintre ou Vardhaki. C’est lui qui préside à l’art de la peinture, des fresques. Il est le maître des couleurs, en résonance avec chaque direction cardinale. Alors qu’aujourd’hui le
maître d’oeuvre, l’architecte, le chef de chantier, l’architecte d’intérieur et le décorateur se concertent autour des demandes personnelles du maître d’oeuvre, de ses goûts et ses désirs (c’est-à-dire l’ego), les 4 maîtres du Vastu, eux, coordonnent l’oeuvre aussi bien aux desiderata du propriétaire qu’aux lois de la Nature qu’ils connaissent chacun.
Ainsi tous connaissent les moindres secrets du Vastu afin d’en introduire les règles cosmiques à chaque étape de l’oeuvre : du mélange des couleurs aux dimensions de la bâtisse jusqu’à 3 profondeur de taille des pierres.
Chez nous, de la même façon, il est utile de s’assurer que chacun des décorateurs, entrepreneurs en bâtiment, peintres ou menuisiers qui rénovent ou construisent une habitation soit conscient de la manipulation des énergies mises en route dans votre maison ! Ne laissons ainsi jamais travailler chez nous des hommes de métier avec lesquels l’on ne sent pas d’affinités. Des ouvriers qui fument, boivent ou jettent des regards indiscrets sur votre intimité lorsqu’ils repeignent une chambre, par exemple, introduisent dans notre Vastu une énergie discordante… qu’il faudra évacuer par la suite. Choisissons plutôt des personnes rayonnantes, positives et qui aiment leur métier.
Les 4 castes de la société indienne
Elles divisent encore les Indiens d’aujourd’hui : la caste des Brahmanes (les prêtres), celle des kshatriyas (les guerriers), celle des vaishyas (les commerçants et paysans) et celle des shudras dont le rôle originel est de servir les trois autres. Une cinquième ou «hors-caste» est ses kandalas ou intouchables. Les intouchables étaient les grands exclus de la société indienne, composés de tribus autochtones annexées et de vaincus dont la fonction principale était d’incinérer les morts et d’exécuter les criminels.
Les habitats des privilégiés
Il allait donc de soi que les Brahmanes octroient à leur caste seule le droit d’habiter dans des édifices carrés. Leur terrain, à l’excellent Vastu, était plus bas au nord et élevé au sud : la partie basse accueillant le Prâna Sattva et la partie haute faisant écran aux énergies néfastes du sud.
Le terrain du shudra (la cheville ouvrière de la société indienne), lui, était censé maintenir ce dernier dans sa basse condition. Celui-ci devait être bas au sud (pour être exposé aux vibrations lourdes « tamasiques ») et élevé au nord : c’est-à-dire à l’opposé de l’équilibre universel !
Tandis que la forme idéale pour les sites et maisons était réservée aux Brahmanes, celle ses castes inférieures s’allongeait considérablement plus on descendait l’échelle sociale… jusqu’à atteindre la forme d’un long rectangle : forme dissonante et dépourvue d’équilibre stable. Pensons aux terrains longs, alignés côte à côte, qui prolongent les maisons mitoyennes aux étroites façades.
Il en va de même des cottages irlandais traditionnels présentant de longs rectangles dont la forme coïncide aux maisons des plus pauvres de l’Inde. Or, cette architecture traditionnelle irlandaise fait écho à un passé de pauvreté dans laquelle le pays fut maintenu par la métropole anglaise dominante.
Il s’agit donc d’éviter les longs appartements faits de multiples pièces en enfilade, de même que les logis étendus dans une longueur éclairée seulement par des fenêtres ouvertes dans une seule direction cardinale, même si la vue y est magnifique (par exemple, un appartement avec toutes les fenêtres côté ouest). Pour une surface égale au sol, un studio ou un loft sont de loin plus souhaitables !
Pour aller plus loin, voir l’article l’harmonie des proportions.
Source : Vastu, la psycho-décoration inspirée de l’Inde, Alexandra Viragh
