Le centre de chaque pièce
_ Mots-clés _
Brahmâ, liberté, créativité, équilibre, ouverture
Père de tous les dieux et du monde créé, divinité liée à la sagesse et connaissance ; Brahmâ est moins populaire que Shiva et Ganesha.
Il était un œuf sans commencement ni fin, une matrice d’or en suspension dans le néant insondable. En son cœur, Brahmâ sommeillait depuis près de mille ans ; car le Créateur du monde devait d’abord naître à lui-même avant d’étendre sa conscience primordiale dans l’univers. Brahma y médita longuement avant de créer le monde et extraire de lui-même ses innombrables facettes.
Ses quatre têtes représentent la connaissance des quatre Vedas ; mais aussi les quatre Yugas ou cycles de temps liés à l’expansion de l’univers. Ses longues barbes blanches composant son habit de scène, rappellent que Brahma est la plus ancienne divinité originelle… De ses narines s’écoule le flux du Prâna cosmique qui, tel l’Éther, emplit chaque espace laissé vierge. C’est du vide qu’éclot la vie, aussi le Maître de l’Espace s’infiltre et recrée à son tour la vie dans les pièces dont le centre est dénué de mobilier. Le Prâna de Brahma emplit et gère les espaces ouverts des temples et de la maison.
L’œil gauche de Brahma correspond à la Lune et le droit au Soleil. Chacun de ses visages tournés vers une direction cardinale en fait un être omniscient, certes, mais pas omnipotent.
Seule la connaissance spirituelle libérera l’homme de ses souffrances ; voilà pourquoi il tient les Vedas d’une main et d’une autre un récipient d’eau qui rappelle l’origine de la vie. La fleur de lotus qui t’accompagne exprime tant le détachement que la vérité immanente.
Aménager le centre
L’espace de Brahma est le cœur vivant de la maison. Son carré central comprend environ un tiers de la surface de la pièce ou du bâtiment : le centre d’où rayonne la vie et où s’accumule le Prâna céleste. Tout vide appelant à être comblé, cette zone centrale crée un espace de liberté, une ouverture à la créativité, une source naturelle d’équilibre pour le psychisme.
• Rien n’est plus pesant qu’une pièce encombrée en son centre. Aussi, dégagez au maximum le tiers central de chaque pièce, en décalant par exemple les meubles de façon à en fluidifier le passage.
• Rangez, purifiez avec d’autant plus d’attention les espaces situés au centre de l’habitation.
• Dans les salles à manger et bureaux, le dessous d’une table accueille les chaussures chargées d’impuretés : décalez dès lors légèrement le meuble du centre. Dans le salon, une petite table centrale (si celle-ci est légère ou en verre transparent) peut convenir s’il est malaisé de la décaler.
⦁ Une ouverture dans l’architecture centrale accueille le Prâna : créez un puits de lumière au cœur de la maison, ouvrez une lucarne dans le toit et laissez abonder la lumière. Remplacez les ampoules existantes par de plus puissantes, rajoutez un éclairage d’appoint vers le plafond.
⦁ Dirigez un halogène puissant vers les plafonds trop bas afin de les repousser visuellement. Peignez en trompe-l’œil un ciel ou des nuages ; collez dans les chambres d’enfants des étoiles fluorescentes.
⦁ L’éclairage « sattvique » des lustres en cristal est excellent, mais pas au centre du plafond. Décalez légèrement les lustres d’avec l’emplacement de la table, des canapés, du bureau eux aussi décentrés.
⦁ Idéalement, les tapis y seront de couleurs claires et lumineuses, sans surcharge inutile de motifs, car ceux-ci créent beaucoup de « bruit décoratif » dans la pièce peu enclin à la sérénité.
⦁ La décoration du centre des pièces devrait se décliner en tons clairs mêlés de blanc, bleu, violet ou vert d’eau.
⦁ Les fontaines y sont excellentes, ainsi qu’un escalier central (tournant vers la droite, sens de la rotation terrestre), un patio, une véranda ou un jardin d’hiver, un palier, un couloir large… Un salon familial ou une pièce de méditation y trouvent également leur place.
⦁ Les symboles associés à Brahmã composent des accessoires de décoration appropriés : la fleur de lotus au centre d’une table, flottant dans une vasque d’eau ; un tableau avec des cygnes glissant sur un lac paisible…
⦁ Sur les petits autels familiaux en Inde, le centre est toujours laissé libre…
_ En Bref _
Libérer le cœur de la maison et de chaque pièce stimule l’ouverture au renouveau, laisse germer de nouveaux projets, encourage la disponibilité, la grandeur d’âme et toutes formes de renaissances à soi.
A éviter
⦁ Les meubles lourds, la saleté ou la poussière, mais aussi le désordre, les objets pointus ou piquants sont à proscrire du tiers central de la pièce.
⦁ Évitez l’emplacement de murs de soutien au centre de la maison, de machines, d’une chaudière ou d’un feu ouvert.
⦁ Ni W.-C., ni salle de bains, ni poubelle, ni avaloir ou évacuation des eaux usées ne devraient non plus occuper l’espace. Construire une terrasse côté est, nord-est ou nord permettrait de décaler l’espace de Brahmã. Sinon, fixez sur un mur extérieur du W.C. ou de la salle de cens miroir (face de préférence à une direction « sattvique »).
Source : “Vastu, La psycho-décoration inspirée de l’Inde” de Alexandra Viragh
