Tout commença par un échec. Maxwell Maltz, brillant chirurgien esthétique américain se  pencha sur la psychologie après avoir remarqué l’incidence extraordinaire d’une opération de chirurgie de la face sur la personnalité de ses patients. Il avait l’impression, en taillant la chair, d’entamer aussi la psyché. Dans son premier livre, New faces, New futures, il expliqua comment, en modifiant l’image extérieure d’une personne, on la change intérieurement. Sa personnalité, son comportement et ses capacités se trouvent transformés d’une façon extraordinaire, sans rapport avec l’intervention. Le manque de confiance en soi, les complexes disparaissent dans les trois semaines, pour laisser place à une nouvelle personnalité épanouie.
Pourtant, dans certains cas, il n’y avait aucun changement après l’intervention. La disparition du défaut, de la malformation ou de la cicatrice qui désespérait le patient ne changeait rien. Le patient continuait à vivre comme auparavant ; en d’autres termes, il continuait à se sentir, à vivre et à agir comme si rien n’était changé.
Cet échec troublait Maltz qui chercha à comprendre.
Il en vint à penser qu’il y avait quelque chose habituellement influencé par l’opération de chirurgie esthétique, et que lorsque ce quelque chose était modifié, la personnalité se transformait elle-même parallèlement. Inversement, lorsque ce quelque chose n’était pas remodelé, la personne continuait à être ce qu’elle était auparavant, même si son apparence avait radicalement changé. Un peu comme si la personnalité avait elle-même un « visage ».
Pour être un bon chirurgien esthétique, Maxwell Maltz se devait d’opérer ce « visage » immatériel, tout comme le visage physique. Après bien des tâtonnements, il devint convaincu que tout homme porte en lui un concept ou une image mentale, spirituelle de son moi. En agissant sur cette « image de soi », il devenait possible de transformer la personnalité de ses patients.
Se tournant vers les psychologues, il les interrogea sur cette image de soi : comment se formait-elle, par quels processus nerveux et cérébraux exerçait-elle son influence, pourquoi, comment ?
Les réponses furent vagues, ampoulées et décevantes.
C’est curieusement une nouvelle science aux frontières de la physique et des mathématiques, la cybernétique, qui lui apporta la réponse.

Expérience et Image de soi

Comme nous l’avons vu précédemment, la suggestion, le conditionnement, peuvent altérer, modifier ou améliorer cette image. Maltz, lui, met l’accent sur l’expérience : c’est notre passé, notre expérience, qui créent et modifient cette image de soi. Nos succès, nos échecs passés conditionnent notre avenir. Ils sont la référence de nos modèles de comportement. Souvenez-vous, par exemple, de votre première conduite automobile. Aujourd’hui, votre comportement est pris en charge par le servomécanisme que constituent cerveau et système nerveux.

La connaissance intellectuelle ne suffit pas, il faut aussi avoir l’expérience.

L’expérience est la clef.
Il est d’usage de dire : le succès appelle le succès. 
Lorsque l’image de soi est adéquate, forgée par des expériences réussies, notre comportement est conforme à nos désirs. Lorsqu’elle nous représente comme indigne, inférieur, sans mérite ou incapable, notre comportement s’aligne sur cette image. Les frustrations, les accidents, les chocs émotifs nous limitent dans l’utilisation pleine et entière de toutes nos facultés.

Comment modifier cette image de soi ?

Si l’expérience est le meilleur outil de modification, pourquoi ne pas l’utiliser ? Son seul inconvénient est sa dureté. L’école de la vie peut être un enseignement dangereux. Le service militaire permettait de « devenir un homme » à de nombreux adolescents. Il en transformait d’autres en délinquants. 

Le pouvoir de l'imagination

L’esprit ne fait pas de différence entre l’expérience vécue et ce qui est seulement très intensément imaginé.

Plus exactement : notre « image de soi » est affectée aussi bien par ce que nous « vivons » que par ce que nous « imaginons », ou « croyons ». Sur le plan physiologique, souvenez-vous de l’effet placebo. Ce que l’esprit croit (l’ingestion d’un médicament), et non ce qui est (rien), déclenche les processus de guérison.
L’ « effet Pygmalion » bien connu en psychologie met en relief l’importance de ces « croyances » dans l’éducation. On fait passer des tests de Q.I. à une classe. Le psychologue attire l’attention des professeurs et des parents sur un élève, moyen jusque-là, disant qu’il s’agit d’une intelligence supérieure (en fait, c’est faux, son Q.I. est moyen). Quelques mois plus tard, cet élève a de meilleures notes et passe en tête de classe. Que s’est-il passé ?
Les réflexions encourageantes de ses professeurs, de son entourage lui ont insufflé une nouvelle confiance en lui, une nouvelle « image de soi » à laquelle son comportement et ses résultats se sont conformés.
L’importance d’un échec ne provient pas de l’expérience elle-même, mais de l’effet qu’elle a sur nous. Maltz fut frappé par l’effet que peut avoir une même cicatrice sur deux individus différents. Un vendeur d’automobiles avait été défiguré par une grande balafre dans un accident de voiture. En se regardant dans la glace, il se dit qu’il devait être un objet de répulsion pour autrui. Il était « différent » des autres. Cela commença à devenir une obsession. Il perdit confiance en lui et devint agressif.
Maltz avait vu un Allemand portant exactement la même cicatrice : étudiant, se battant au sabre, il avait eu le visage entaillé et portait fièrement depuis cette preuve de bravoure, de virilité, source de sa confiance en lui.
L’important n’était donc pas la cicatrice, mais l’effet de la cicatrice sur eux.
Ce que l’on s’imagine que les gens penseront de nous. Ce que l’on croit être.

La persuasion de notre entourage, nos propres pensées et leurs effets sur notre imagination ont le même pouvoir que l’hypnose : ils peuvent nous aider à utiliser pleinement notre potentiel ou créer des limites imaginaires qui nous entravent inexorablement.
Quelles que soient les données justes ou erronées que nous fournissions à notre servomécanisme personnel, il réagira en fonction de ces données et notamment du but poursuivi. Le but principal est notre « image de Soi », qu’elle soit un concept intellectuel fait de mots ou une image mentale. Ces mots, ces croyances ou cette image mentale, nous les créons grâce à notre imagination.

L’homme ne peut découvrir dans le réel que ce qu’il a au préalable imaginé, inventé

écrit Jean Fourastié lorsqu’il étudie lui aussi les mécanismes cérébraux à la lumière de la cybernétique.
Ces facultés de programmation, nous les utilisons sans nous en rendre compte, souvent à notre détriment.
Lorsque nous sommes préoccupés, lorsque nous avons peur de quelque chose, lorsque nous ressassons une scène d’échec ou une pensée négative, nous utilisons notre imagination pour élaborer des programmes qui influenceront notre comportement futur.

« Visualiser, créer une image mentale n’est pas plus difficile que ce que vous faites lorsque vous vous souvenez d’une scène passée, ou êtes préoccupé par le futur. Agir selon de nouveaux modèles de comportement n’est pas plus difficile que prendre la décision de lacer ses chaussures d’une façon nouvelle, puis de le faire, au lieu d’agir par automatisme, guidé par l’habitude. »

L'angoisse et le sentiment d'infériorité

Les personnes que l’on voit agir en séminaires de développement personnel souffrent toutes de manque de confiance en elle-mêmes ; ce manque de foi en eux, cette image de soi mutilée minent leur existence sans qu’ils s’en rendent compte. Ils souffrent, tous, peu ou prou, de complexes d’infériorité. Quant à ceux qui débordaient d’assurance, ce n’était souvent qu’une façade, une compensation qui trompait peut-être les autres, mais ne délivrait pas leur auteur d’une angoisse cyclique.
En lisant ces lignes, vous vous dites sans doute « cela ne me concerne pas ». Et pourtant, réfléchissez. Il y a certainement, un domaine dans lequel vous ne brillez pas ou une qualité qui vous manque.
La société moderne vous offre un modèle de réussite auquel vous n’êtes peut-être pas parvenu. 

Résister aux suggestions environnantes et ne pas « se comparer à » est bien difficile.

Or, si l’on se sent partiellement inférieur, on agit conformément à ce sentiment.
En fait, nous sommes tous « inférieurs à » : nous conduisons moins bien que tel coureur automobile, dansons moins bien que tel champion, sommes moins intelligents que tel génie. Nous sommes tous inférieurs, dans un domaine ou dans un autre, aux spécialistes. Pourtant cela ne nous crée pas toujours des complexes d’infériorité. Sans doute parce que nous savons que dans d’autres domaines, nous sommes « supérieurs à… ». Avoir un complexe, ce n’est pas seulement savoir, mais surtout sentir. 

Nous nous laissons prendre au piège des mots. En nous comparant à ce qui n’est pas comparable, puisque chaque individu est unique.

Il est impossible d’atteindre le bonheur en se comparant à autrui.

Au lieu de comparer nos actions à ce que nous avons fait par le passé, nous nous jugeons dans notre dialogue intérieur en fonction d’une autre personne et de ses critères. Nous nous critiquons continuellement, croyant progresser en nous disant nos quatre vérités, souvent aidés en cela par notre entourage avare de compliments et prodigue de réflexions négatives.

« La VÉRITÉ sur VOUS, la voici :
vous n’êtes pas “inférieur”
vous n’êtes pas “supérieur”
vous êtes simplement “vous”. »
« Votre personnalité n’est comparable à aucune autre, tout simplement parce qu’il n’y a personne au monde qui soit exactement comme vous. Vous êtes un INDIVIDU. Vous êtes UNIQUE. Vous n’êtes pas “comme” quelqu’un d’autre et ne pourrez jamais devenir “comme” qui que ce soit d’autre. Vous n’êtes pas “supposé” être comme qui que ce soit et personne n’est “supposé” être comme VOUS. »

Comment se libérer de ses angoisses et complexes pour être soi?

En se représentant tel que l’on est potentiellement, tel que l’on peut devenir, débarrassé de ces inhibitions qui nous entravent. Il ne s’agit pas bien sûr de créer un moi outré, gonflé, qui n’ait plus aucun rapport avec notre potentiel. Il faut simplement se voir tel que l’on peut devenir, et laisser cette image imprégner notre esprit pendant vingt et un jours, le temps généralement nécessaire pour « s’habituer ».
Si l’on ne doit pas penser aux erreurs et aux échecs pour ne pas altérer son « image de soi », que faut-il faire lorsqu’ils surviennent néanmoins ?
La cybernétique nous apporte la réponse :
Un servomécanisme atteint son objectif en essayant et en échouant. Les échecs sont examinés, analysés et permettent la correction. Lorsqu’elles restent en mémoire, ces expériences passées négatives n’inhibent pas le comportement du servomécanisme, mais contribuent tout au contraire aux processus d’apprentissage.

Les erreurs sont prises comme des étapes sur la voie du succès.

Une fois analysées, nos erreurs doivent nous aider, puis être oubliées. Elles ne doivent pas subsister sous la forme de : « J’ai échoué par le passé donc j’échouerai toujours. »
Le psychologue F.M.H. Myers donne une explication aux discours convaincants et enthousiastes que peuvent faire en état hypnotique certains timides incapables de parler en public, en disant que les patients sont «purgés des échecs passés » sous hypnose. Mais cela est aussi possible à l’état conscient :
Le docteur Alfred Adler, ami de Maltz, lorsqu’il était jeune, eut un mauvais départ en arithmétique et son professeur eut bientôt la certitude qu’il n’était « pas doué pour les mathématiques ». Il en informa les parents, qui s’en convainquirent d’autant plus facilement que « dans la famille, nous sommes plutôt littéraires ». Adler se fit à l’idée et ses notes confirmaient ces prévisions. Un jour, le professeur posa un problème au tableau, promettant une bonne note au premier qui trouverait la solution.
Un bras se leva, au fond… Adler…
La classe tout entière pouffa de rire.
« Allez donc nous montrer VOTRE solution, Adler ! »
Ce qu’il fit brillamment, au grand dam de la classe et du professeur.

Cette anecdote marqua Adler, lui montrant qu’il s’était laissé convaincre par son entourage de sa « nullité en maths ». Il devint par la suite « doué pour les mathématiques ».

Lorsqu’on utilise l’imagination pour modifier son «image de soi», il faut l’accompagner de sentiments et d’émotions.

L’événement marquant vécu par Adler l’a été parce qu’il représentait un choc émotif.

Le docteur Wilder Penfield, neurochirurgien à l’université McGill à Montréal, a montré que la stimulation électrique de certaines cellules cérébrales peut faire revivre aux opérés leur passé. Ils revivent ces scènes comme si elles se déroulaient vraiment.
« Le sujet sent encore l’émotion que la situation originelle a produite en lui et il est conscient des mêmes interprétations, vraies ou fausses, qu’il a données lui-même à l’expérience la première fois. Ainsi, le souvenir évoqué n’est pas la reproduction photographique ou phonographique exacte des scènes ou des événements passés. C’est une reproduction de ce que le patient a vu, entendu, senti et compris. »

C’est de cette façon que l’on décharge les émotions négatives attachées à un événement douloureux et de la même façon, on peut changer notre « Image de soi » : en imaginant les détails, les couleurs, les odeurs, les sensations et les émotions avec une telle acuité que cette nouvelle image, progressivement, vienne se substituer à l’ancienne.

En analysant la façon dont fonctionnent nos soucis, nos préoccupations, nous avons une bonne idée de la manière dont il faut procéder, pour changer d’objectifs. Lorsqu’on est soucieux, on commence par penser à quelque chose de désagréable qui risque de survenir dans quelque temps. Puis nous pensons à cette éventualité, nous l’imaginons dans tous ses détails. A force de manier cette idée, cette possibilité, elle finit par prendre corps dans notre esprit et les sentiments qui en découlent apparaissent. Maltz fait remarquer qu’il n’y a pas là à proprement parler d’effort ni de volonté – un simple jeu de l’imagination.

La Volonté par l'imagination

Nous rejoignons ici le concept de sophro-acceptation progressive de Caycedo : Se voir positivement, heureux, manier cette « possibilité » comme un espoir, pour déclencher les réactions positives de l’organisme.
Les malades qui se voient guéris, qui « veulent s’en sortir » guérissent plus vite. Mais ce n’est pas parce qu’ils « veulent » qu’ils se « voient » le faire ; c’est parce qu’ils se « voient » le faire qu’ils trouvent l’espoir et la volonté.
La volonté… Une faculté qui échappe à certains, que d’autres vénèrent. Pendant des années, j’ai cru que la volonté était cet effort, ce dépassement de soi dans un mouvement conscient, difficile. Puis, avec l’expérience et la lecture je me suis aperçue que l’on tire cette énergie, cette force, non de la volonté, mais de l’origine de celle-ci, de l’objectif qu’on poursuit.

Les milliardaires font partie de réseaux qui enseignent des secrets préservés depuis des siècles : l’art des images mentales. Ils savent se « motiver » en visualisant précisément ce qu’ils désirent. Ils puisent dans cet exercice l’énergie qui les anime.
Napoléon pratiqua l’art de la guerre en imagination pendant des années. De là vint son succès. Peu à peu, il commença à craindre l’échec et il programma inconsciemment sa chute. Une étude attentive de la dernière partie de sa vie montre que son servomécanisme était branché sur l’échec.
Les servomécanismes, s’ils s’éloignent de leur objectif, rectifient leur trajectoire en fonction de l’erreur et poursuivent leur but. Lorsque nous programmons l’échec en nous, des incidents de parcours peuvent survenir.
Nous pouvons commencer à réussir, rencontrer un succès « par erreur ». Si notre objectif inconscient est l’échec, nous serons inexorablement ramenés vers lui. 

Source : La dynamique mentale de Christian Godefroy

Laksmie

Ex consultante en stratégie et organisation dans la finance, j'utilise à présent mes connaissances en sciences védiques, neurosciences, biologie cellulaire et physique quantique pour améliorer la santé, le bien-être et élever le niveau de conscience.

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